Mécénat : Un étudiant chez moi ? Pourquoi pas !

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À Genève, plus de 14 000 personnes vivent seules dans des logements de cinq pièces ou plus (cuisine + 4 pièces). Toutes n’ont pas choisi la solitude. L’Université accueille chaque année quelque 17 000 étudiants. Beaucoup peinent à se loger. Parfois, il suffit d’additionner deux problèmes pour trouver une solution ! C’est ainsi qu’est née l’association 1h par m2, soutenue par m3 REAL ESTATE.

Raymond, 81 ans, l’a fait l’été dernier. Il a accueilli Ewa, une jeune Polonaise étudiante à la Haute école de musique. Selon le principe du programme « 1 h par m² – Un étudiant sous mon toit », il a proposé une chambre inoccupée contre quelques coups de main pour le ménage. La maison, vide depuis le décès de son épouse, bruisse de nouveau ; Raymond aime le son de la clarinette. Il a emmené Ewa, devenue fan, soutenir le HC Servette et, quand leurs horaires correspondent, Raymond et Ewa mangent ensemble.

En septembre 2017, lors de la rentrée universitaire, 53 hôtes ont imité Raymond. Âgés de 36 à 92 ans, ils ont accueilli des étudiants venant le plus souvent d’Europe. Ou de Chine, du Burkina Faso, du Pérou. Jakob parle allemand aux enfants de ses hôtes et les emmène skier. Germain passe un moment le dimanche après-midi avec le couple âgé qui l’héberge ; quand il rentre le soir, il vérifie que les volets sont bien fermés et que tout se passe bien. Quant à Chiara, elle prend soin des deux splendides chats de Martin et Louise qui entament leur retraite avec un grand appétit de voyages. À part les soins à la personne qui sont exclus, tout est possible : courses, repassage, emmener un enfant à l’école, préparer un repas, aide au jardin. Parfois les demandes sont originales : répétition de chant pour des hôtes qui sont dans un chœur et hébergent une musicienne ou réalisation des albums de photos par un étudiant de la Haute école d’art et de design.

Bien sûr, il n’est pas facile d’ouvrir son logement à une personne inconnue. C’est justement pour cela que le programme « 1 h par m² » joue un rôle de filtre et de conseils. L’hôte explicite ce qu’il ou elle souhaite comme coups de main, mais aussi comment il veut partager son espace. Parfois, le salon est un lieu proposé à l’étudiant, d’autres fois il est réservé à l’hôte. Chez certains, il n’est pas possible de cuisiner tard le soir.

Avant d’être présentés aux hôtes, les étudiants connaissent déjà les conditions particulières posées. Et tout cela est repris dans la convention d’hébergement qui fixe un cadre précis et souple à la fois. Concrètement, l’étudiant offre 3 à 5 h de coups de main par semaine en fonction de la taille de la chambre et verse à son hôte 100 francs par mois à titre de dédommagement pour les frais de chauffage ou d’électricité.

Forme originale de partenariat public-privé à trois, « 1 h par m2 » est financé par la Fondation BNP Paribas Suisse, mis en œuvre par l’Université de Genève et conseillé par Pro Senectute Genève. Le programme reçoit aussi l’aide des fondations Auguste Roth et Sesam. En deux ans, il a clairement démontré que ce modèle importé d’Allemagne intéresse les Genevois.

Une personne âgée ou une mère seule avec un préado se rend utile en offrant une pièce inoccupée ; un jeune lui donne des coups de main. Souvent, les échanges créent des liens de qualité et de belles histoires. En juin, Elena partira à Canton, invitée au mariage du doctorant chinois qui a vécu chez elle l’an dernier.

Même les neurobiologistes l’assurent après avoir scruté les aires de nos cerveaux : la générosité rend heureux. Ne nous privons pas de ce bonheur-là !

Texte : Sabine Estier Thévenoz

 

Contact : « 1 h par m² – Un étudiant sous mon toit »
Sabine Estier Thévenoz et Andrea Kündig

+ 41 22 379 74 00 | 1hparm2@unige.ch
www.unige.ch/1hparm2 | www.facebook.com/1hparm2

 

Cet article est apparu dans le numéro 4 de FLAT Magazine. Retrouvez le magazine en kiosque ou en ligne sur flatmagazine.ch